Ruchers du Mouin, ruches sur colza, 2017.

Dix vies en une : 40 ans d’apiculture chez les Regnault

Aline et Jérôme Regnault développent, sur les plateaux bourguignons, une exploitation apicole dont la réputation n’est plus à faire. Avec une insatiable énergie, ils font partager leurs savoirs et nourrissent de nouvelles passions qui toutes ont en commun de s’inscrire dans le collectif (extrait de l’article publié dans le n° 144 d’info-Reines livré dans les boîtes aux lettres fin décembre 2023).

D’une vocation précoce à l’esprit d’entreprise

Aline et Jérôme Regnault développent, sur les plateaux bourguignons, une exploitation apicole dont la réputation n'est plus à faire.
Chaque année, Jérôme partage son expérience lors de stages organisés par l’Anercea.

En 1981, alors qu’il suit des études de chimie en région parisienne, Jérôme lit son premier livre d’apiculture. Son père lui offre des ruches et il s’initie au rucher-école de Semur-en-Auxois. Celui-ci est présidé par Michel Belin, une personnalité qui le marque profondément. Ce scientifique de formation, amoureux de son terroir, passionné d’apiculture, est éleveur de reines depuis longtemps. Il compte parmi les premiers membres d’une association naissante dont Jérôme ne se doute pas encore qu’il la présidera un jour. Après l’obtention de son bac technologique, notre apprenti apiculteur remplit ses obligations militaires dans le service de santé ; le sujet le passionne. Il rencontre alors Aline, née à…Alésia. Avec elle, il partage une détermination sans faille à conduire des projets de toute nature.

Elle entre aussi en apiculture tout en travaillant dans un restaurant. Une première passion qui n’étonnera aucun de ceux, fort nombreux, qui fréquentent sa table. Ils se marient en 1990. Jérôme a de grosses responsabilités durant une dizaine d’années dans un laboratoire d’analyses médicales. Ils vivent en immeuble, à Montbard, ce qui ne les empêche pas de pratiquer l’apiculture à grande échelle. Les cadres sont montés sur la table de la salle à manger. Le matériel est entreposé dans le sous-sol du pavillon des parents Regnault.

89 kg de miel à la ruche

En 1994, ils ont deux cents ruches. Aline renonce au salariat après la naissance de leur dernier enfant.

En 1995, nos citadins font 89 kg de miel à la ruche, dont trois tonnes de sapin, lequel se vend 35 fr/kg alors que le colza est à 6,50. Dès cette époque, c’est Aline qui extrait ; elle passe alors jusqu’à 18 tonnes de miel au couteau pour alimenter un extracteur de douze cadres dans la miellerie de fortune installée dans le fameux sous-sol.

En 2000, le cheptel compte quatre cents ruches

En 2000, Jérôme opte pour un mi-temps au laboratoire. La famille quitte alors l’appartement pour emménager dans une maison à Savoisy, laquelle dispose de 200 m² de bâtiments d’exploitation. Dans ces dépendances se trouvent encore aujourd’hui la miellerie, la salle de greffage, de fabrication des pains d’épices et d’empotage, et le stock de pots.

2003 constitue une année charnière

Sur l’exploitation, les essaims sont hivernés en bloc de chaleur.
Sur l’exploitation, les essaims sont hivernés en bloc de chaleur.

En 2003, Jérôme abandonne enfin le salariat, l’exploitation passe à six cents ruches. La remise en cause est une constante qui irrigue toute sa carrière, aussi, opère-t-il en 2006 un tournant décisif après avoir entendu Jos Guth. Il découvre le cadre Hoffmann et décide de modifier en conséquence toutes ses ruches, tant les manipulations lui paraissent plus aisées et plus conformes à la nature, l’intervalle entre chaque cadre étant plus faible qu’entre deux cadres droits.

Une affaire qui lui a pris trois ans, mais la suite prouve que rien n’arrête notre homme. Alors qu’il travaillait avec de l’abeille tout-venant, plutôt noire, il achète trois essaims buckfast à Jos Guth à partir desquels il réoriente son cheptel vers cette abeille. Il lui trouve un bon développement, une grande capacité à construire à partir de stimulation au sirop, mais regrette son manque d’aptitude à emmagasiner des réserves. C’est pourquoi il décide de sélectionner sur son cheptel les souches à multiplier parmi les plus amasseuses tout en faisant entrer chaque année du sang neuf de l’extérieur.

Contrôler et exploiter la dynamique des populations ou le secret de récoltes abondantes

Pour comprendre la dynamique des colonies au printemps chez Jérôme Regnault, flachez ce QRCode.
Découvrez la conduite offrant à la colonie une belle dynamique. Le niveau de production est en conséquence.

Jérôme a appris à jouer avec les partitions pour créer les conditions d’une dynamique qui explique d’excellentes récoltes (pour comprendre la dynamique des colonies au printemps, flachez le QRCode ci-contre).
La visite de printemps se déroule donc autour du 15 mars. Sur ces terres froides, il reste encore un mois avant les premières fleurs de colza. Le temps de trier, d’enrucher les essaims hivernés, de préparer les colonies pas trop tôt ni trop tard pour cette miellée essentielle. Un travail très lourd chez Sébastien Huvig, décrit dans un numéro précédent auquel le lecteur pourra se reporter (Info-Reines n°142 – 2e trimestre 2023).

Disons seulement que toutes les colonies disposent d’une partition qui permet de resserrer le nid à couvain sur lui-même. Une gaufre est mise à bâtir en bordure de couvain chaque semaine et dès qu’elle est montée, elle passe au cœur du nid. Toutes les colonies disposent également d’un cadre à mâles. Au fur et à mesure des visites, les non-valeurs sont éliminées ce qui assure que les mâles ne soient issus que de bonnes ruches. Les ruches explosent sur le colza (pour comprendre les détails de la conduite de Jérôme, rendez-vous dans Info-Reines 144 – à sortir fin décembre 2023).


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