Par Gérard Cousin
J’ai fabriqué un cadre de greffage fin à partir de celui d’André Raguin. Il l’a conçu voici une quinzaine d’années, suite à la lecture d’un article écrit par Philippe Gilles. L’évidence de ses avantages l’a convaincu aussitôt. Il se souvient de s’être étonné de ne pas y avoir pensé lui-même.
Précisons que nous travaillons en cadres dadant droits.
Dans un contexte de forte miellée (colza), le porte-barrettes monté sur un cadre normal (de 25 mm d’épaisseur) conduit les cirières à édifier des constructions sauvages (morilles), même si on leur offre une cire à gaufrer. Avec le cadre fin, il n’y a plus aucune velléité de ce genre ! En outre, les cellules me paraissent plus longues et les échecs moins nombreux qu’avec le cadre ordinaire. Bien évidemment, le resserrement n’est effectif qu’après la suppression des crémaillères de l’éleveuse, qui sont remplacées par des bandes lisses. Il est alors facile de resserrer les cadres de couvain au plus près de ce cadre fin.
Une butée de tôle est clouée derrière les côtés du cadre, pour arrêter la barrette et renforcer l’ensemble. Les porte-cupules sont fixés par une vis de 3/15 mm engagée en leur centre. La barrette étant très fine, il est nécessaire de rogner le bord des porte-cupules à la scie à ruban.
L’écartement entre les barrettes
Sur le conseil de Thomas Boulanger, j’ai laissé 54 mm seulement entre les deux barrettes afin de réduire les déperditions, l’espace étant ainsi entièrement occupé par les nourrices. Quatorze porte-cupules sont fixés sur chaque barrette a tête de cadre, les côtés de cadre et les barrettes ont tous la même épaisseur, soit 15 mm. Le bas de cadre réduit à 6 mm d’épaisseur glisse plus aisément au cœur du nid.
L’aménagement de l’éleveuse
Des bandes lisses remplacent les crémaillères dans la ruchette éleveuse pour que les cadres glissent aisément contre le porte-barrettes. Précisons que j’utilise une ruchette orpheline où le cadre fin séjourne du greffage jusqu’à la sortie des cellules (6 ou 10 jours).
La partition est ôtée pour laisser du jeu, les cadres naissants sont écartés avant le greffage. Après le greffage, les barrettes sont glissées dans le porte-lattes, les taquets sont rabattus pour éviter toute chute. Si la colonie est populeuse, comme il se doit, le cadre est introduit et s’appuie sur les abeilles pour descendre sans pression au cœur du nid. Par glissement le long des bandes lisses, les cadres de couvain sont resserrés au plus près du cadre fin, et la partition reprend sa place.
L’écartement minimal entre les deux barrettes empêche la pose de bigoudis que nous n’avons jamais utilisés. Effectivement, nous estimons que les nourrices doivent pouvoir réchauffer les cellules jusqu’au dixième jour. Si le greffage est fin, les naissances ne sont pas prématurées. Il est important de préciser que ce cadre, que je considère comme un réel progrès, et l’amélioration du principe de base doivent beaucoup à mes échanges avec Philippe Gilles, André Raguin qui m’a prêté son modèle pour le tester, Thomas Boulanger et Jérôme Regnault à qui j’ai emprunté l’idée des butées et des taquets.
L’ensemble des photos permettant de suivre pas à pas la conception de ce porte-lattes sont à retrouver dans Info-Reines 145, premier trimestre 2024.
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