Annonce Journées d'Étude apicoles de l'Anercea, Limoges, février 2026.

Voyage apicole en Ouzbékistan : rencontre avec tropilaelaps

Extrait de l’article « En Ouzbékistan, pour une découverte de l’apiculture en Asie centrale »,
Info-Reines 150. Par Thierry Fedon

La région de Fergana (Ouzbékistan) est la deuxième région apicole. L’association régionale, qui date de 1968, fédère une grande partie des apiculteurs, grâce à l’énergie déployée depuis tant d’années par son président Sherali Suyarkulov (intervenant des Journées d’Étude de Limoges en février 2026), maintenant secondé par son fils Sherzod. Ils diffusent de l’information aux adhérents, la font circuler par les réseaux sociaux, assurent des cours au centre de formation, animent le festival régional du miel, organisent des visites et des voyages à l’étranger en entretenant tout un réseau d’échanges nationaux et internationaux.

Une association régionale dynamique depuis 1968

De plus, Sherali a mené par le passé une quantité impressionnante d’études autour de l’intérêt quantifié de la pollinisation selon les cultures ou les vergers, qui sont largement reprises à l’Université d’agriculture. Aujourd’hui, il continue de militer pour la juste reconnaissance, par une rémunération à la ruche, de l’impact bénéfique des abeilles sur les rendements, grâce aux apiculteurs. Bien avant sa présidence pendant un temps au niveau national, il a su accentuer l’orientation de la filière sur la vente d’essaims vers la Russie, il a influencé son organisation et sa réglementation administrative, notamment pour le passage des frontières kazakhe et russe. Pour cela, il s’est assuré, et afin d’en faire bénéficier les apiculteurs de la province, de se fournir en reines souches de type Carpatica en provenance d’Ukraine mais également d’Allemagne. Des partenariats financiers avec Israël ou les USA ont également permis d’améliorer les échanges des apiculteurs ouzbeks vers l’étranger. Aussi, ce n’est peut-être pas complètement un hasard si Sherali et Sherzod ont été nos interlocuteurs privilégiés durant ce séjour de découvertes apicoles, fertile en rencontres, de la vallée de Fergana à l’est et jusqu’à Boukhara à l’ouest, aux portes du désert, en passant par Samarkand et enfin Tashkent, la capitale, où l’actuel président de l’association nationale des apiculteurs souhaitait nous rencontrer afin d’envisager d’éventuels partenariats.

Un réseau d’échanges nationaux et internationaux

Dès notre arrivée, et sur proposition de nos hôtes, nous avons donné plusieurs conférences pour des étudiants à l’Université d’agriculture de Fergana ainsi qu’au Centre de formation des apiculteurs. Outre un aperçu de l’apiculture française et de nos activités apicoles respectives sur nos fermes, nous avons pu présenter l’Anercea, notre association, et son rôle important depuis plus de 40 ans au sein de notre filière française, ce qui n’a pas manqué de susciter beaucoup d’intérêt de la part de notre auditoire. Dès lors, reprenant le chemin de l’ancienne Route de la Soie vers l’ouest, toutes les portes nous furent ouvertes chez les apiculteurs, enchantés de nous recevoir tout autant que nous le fûmes d’être si généreusement accueillis.

Les freins au développement apicole

Tout au long des rencontres qui ont suivi, tant auprès d’apiculteurs amateurs que de professionnels aux milliers de ruches, nous avons perçu un grand savoir-faire, un soin méticuleux apporté aux colonies, une envie d’apprendre et, animés par la passion autant que par un marché actuellement florissant, l’envie de développer leur activité. Parmi les points régulièrement évoqués par les apiculteurs, nous en signalerons plusieurs d’importance :

Programme du congrès apicole Journées d'Étude Anercea, février 2026 à Limoges. Trapilaélaps.
  • Le changement climatique, son impact sur l’environnement mellifère et la sécheresse grandissante (150 mm de précipitations annuelles à Boukhara).
  • La nécessité et la difficulté de se procurer des reines souches pour la multiplication et la vente d’essaims.
  • L’importation massive de miel d’origine chinoise sur le marché.
  • L’utilisation massive de pesticides dans les vallées irriguées où se cultive le coton ainsi que la baisse des rendements de miel depuis l’arrivée de nouvelles variétés chinoises.
  • L’apparition récente d’un nouveau fléau des colonies, l’acarien Tropilaelaps. Ce dernier point est un sujet particulièrement inquiétant aussi bien en Ouzbékistan que dans les pays où il est observé sur Apis mellifera, comme en Géorgie ou dans le sud de la Russie. Autant dire qu’il est déjà aux portes de l’Europe.

Tropilaelaps : témoignages aux Journées d’Étude de Limoges

En Ouzbékistan, la présence du tropilaelaps date d’il y a cinq ans. Il semble être apparu au sein des ruches transhumées au sud, près de la frontière afghane, où sa présence était déjà avérée. Selon les dires des apiculteurs rencontrés, sa rapidité de reproduction, bien supérieure à celle du varroa, affecte les colonies d’abeilles en quelques semaines seulement, et sa propagation est très rapide.

À ce jour, seul l’acide formique semble être une parade fiable au terme d’un processus d’application particulièrement fastidieux.

Nous nous abstiendrons dans cet article d’entrer plus dans les détails, aussi bien sur le sujet du tropilaelaps que sur les techniques d’élevage, dans la mesure où l’Anercea a prévu de faire intervenir, lors des Journées d’Étude de février 2026 (en Haute-Vienne), nos amis apiculteurs ouzbeks, Sherali et Sherzod, afin de satisfaire votre curiosité.

À lire, sur le sujet du tropilaelaps, l’article « Tropilaelaps. spp a franchi les portes de l’Europe en 2021, par les Balkans », signé par Camille Laurent et publié en pages 23 à 29 de ce numéro 150.


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