Lors des Journées d’Étude de novembre 2022, à St-Agnan dans la Nièvre, Máté Gajdos nous a présenté son expérience dans la production de miel de manuka. Regard sur six années de travail en Nouvelle-Zélande, au sein de l’entreprise Kiwi Bee Medical Ldt.
La Nouvelle-Zélande : deux fois plus de ruches en vingt ans
Au cours de ces deux dernières décennies, la Nouvelle-Zélande a connu une reconversion massive vers l’apiculture pour la récolte du miel de manuka, un petit arbuste à fleurs blanches (Leptospermum scoparium), endémique du nord de l’île.
Le nombre d’entreprises apicoles s’est ainsi considérablement accru sur le territoire, passant de quatre mille à dix mille aujourd’hui (45 exploitations ont plus de trois mille ruches !). Le nombre de ruches enregistrées a doublé sur cette période, passant de 400 000 à 800 000 (600 000 dans l’île du Nord), ainsi que la production de miel (dix à vingt mille tonnes).
Entre 29 € et 69 € le kilo pour du miel de manuka
Avec un rendement par ruche estimé entre 25 et 35 kg, le volume des exportations de miel est passé de sept mille à treize mille tonnes (d’une valeur de 277 millions d’euros).
Par le biais d’une campagne de marketing puissante, le prix du miel de manuka en vrac est aujourd’hui compris entre 29 € et 69 €/kg (le prix d’achat des autres miels récoltés en Nouvelle-Zélande est dérisoire : 1 à 3 €/kg). Le prix du miel de manuka est fonction de son taux de MGO (méthylglyoxal). Cette molécule est un sous-produit toxique
du métabolisme des plantes et des animaux, qui possède par ailleurs des vertus antimicrobiennes. En conséquence, il y a une forte demande de main-d’œuvre apicole au printemps en Nouvelle-Zélande (ce qui correspond à l’automne pour nous qui sommes situés dans l’hémisphère nord).
L’apiculture au quotidien
Dès son arrivée dans l’entreprise, Máté a reçu une formation sommaire pour apprendre à détecter les symptômes de loque américaine dans les colonies. Les maladies du couvain constituent un problème majeur sur l’île, les colonies ayant à affronter de longues périodes de carences en pollen (à la fois par le manque de ressources et par la météo très pluvieuse de ce pays). Pour tenter de pallier ces problèmes de loque, les apiculteurs néozélandais constituent de petits ruchers, de vingt à trente ruches maximum. Notez que le varroa est arrivé sur l’île depuis peu et constitue une nouvelle menace pour cette industrie.
Gérer l’éloignement des ruchers
Une des principales caractéristiques de l’apiculture en Nouvelle-Zélande est la difficulté d’accès aux ruchers. Le relief accidenté et le peu de routes praticables compliquent la recherche d’emplacements, fortement concurrencés par ailleurs. Il faut souvent traverser de nombreuses clôtures, ainsi que des rivières à gué, pour atteindre les ruchers. Ceux-ci étant souvent situés dans des zones hors réseau téléphonique, les équipes se déplacent toujours en binôme pour des raisons de sécurité. Dans ces conditions, le temps de travail sur le rucher devient négligeable par rapport au temps de transport (ici pas question d’oublier son enfumoir !).
Pendant la saison, le travail des équipes consiste à préparer les colonies pour la production du miel de manuka :
- contrôles sanitaires ;
- contrôle des essaimages ;
- élevage des reines et remérage des colonies ;
- nourrissement ;
- récolte.
La récolte achevée, le travail des apiculteurs s’arrête au seuil de l’usine qui centralise l’extraction du miel et son conditionnement.
Retour sur les Journées d’Étude de St-Agnan (Nièvre)
rédigé par Laurent Gauthier apiculteurs, formateurs Anercea.
Fin de l’article dans Info-Reines n°142
Pour vous abonner à Info-Reines, le magazine au coeur de l’élevage apicole cliquez ici.