Au cours de deux jours de formation dispensés par Claudia Schonwolff, apicultrice expérimentée, les stagiaires de l’Anercea découvent la logique développée sur l’exploitation de St-Victor, en Ardèche. La production de reines de qualité est une question de gestes, mais pas seulement. Entre le choix de la larve et l’introduction de la reine, il faut veiller à l’organisation, la température et l’hygrométrie de la couveuse, au nourrissement des nuclei également… Tout un savoir-faire.
Mercredi 6 avril, 18 heures, les nuages colonisent à nouveau le ciel Ardéchois. La météo de cette journée, la première de la formation dispensée par Claudia Schonwolff, reflète l’atmosphère dans laquelle prend forme la progression du groupe éphémère constitué à l’occasion d’une formation organisée par l’Anercea (#apiproanercea). L’ambiance ouatée de la matinée de présentations a vite laissé la place aux échanges spontanés. Témoignages, questionnements, demandes de précisions, affirmations, doutes accompagnent les douze stagiaires venus appréhender « le démarrage d’une saison d’élevage de reines ». Les récits et explications de Claudia, inspirés de plus de trente années d’activités, éclairent bien des zones d’ombre… à moins qu’ils n’en créent de nouvelles. À St Victor, le temps se brouille aussi vite que les certitudes des apiculteurs en quête de nouvelles connaissances. Et si la compétence était l’art et la manière de voir de la simplicité dans la complexité ?
Et le treizième jour émerge la reine
3, 5, 8… Claudia ne chantera pas la comptine allemande, apprise aux premières heures de sa passion pour l’apiculture, mais invite les douze apiculteurs présents à mémoriser ces trois chiffres. Ils cadencent le rythme biologique des reines ; trois jours au stade œuf, cinq jours au stage larve, huit jours d’operculation.
Ce qui semble simple à l’apicultrice installée en Ardèche depuis plus de trente ans, cache une certaine complexité dont témoignent les nombreuses questions posées. « Si je greffe le mercredi, quel jour l’émergence aura-t-elle lieu ? », propose l’éleveuse qui chaque année endosse le rôle de formatrice dans l’unique but de partager son expérience. Les stagiaires se regardent, échangent, calculent, puis suggèrent : « J + 12, ou bien 11, selon la taille de la larve ? ». Comme si elle n’avait rien entendu, Claudia relance. Elle attend que lui soit proposé un jour, affirmant modestement ne rien comprendre à cette manière de compter très française. Allemande d’origine, Claudia n’a pas appris selon ce principe qu’elle trouve complexe. Certains évoquent alors le dimanche ? D’autres, le lundi ? Avec le calme, remarqué et apprécié des stagiaires, l’apicultrice tranche. « Le lundi, soit le treizième jour », précise-t-elle. « J + 12 », fait remarquer satisfaite l’une des personnes à avoir proposé lundi. Finalement peu importe la méthode de calcul, chacun en conviendra, l’important c’est que le calendrier soit compris et que soient assimilés les éléments permettant une planification juste et efficace de la production de reines. Le quiz proposé le second jour permettra outre de vérifier la compréhension de ce point, d’effacer, par la répétition et la réflexion, toute zone d’ombre.
La dextérité pour le greffage s’acquiert par la pratique
Essentiel, le calendrier n’assure pas à lui seul la garantie d’un bon taux de réussite. Lors du tour de table effectué pour ouvrir les deux jours de formation, Emmanuel, Cyrille, Philippe, Estelle, Nathalie, Esther… parlent de leurs tentatives. Ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Mais leurs résultats, trop faibles de leur point de vue, attisent leur curiosité. Moins d’un tiers pour certains, deux tiers pour d’autres… tous ambitionnent de faire mieux. « J’ai besoin d’appréhender le geste pour réduire le taux d’échec », confie Cyrille venu en Ardèche pour apprendre. En fin de stage, un temps sera consacré au maniement du picking (visionner le tuto sur les différents types de picking dans la rubrique “greffage” des tutos Anercea). Mais, assure Claudia, la dextérité s’acquiert par la pratique. « Il faut oser et greffer, greffer, greffer. Mais il ne faut pas oublier le reste », insiste-t-elle. Effectivement, de nombreux autres points sont impliqués dans la réussite ou l’échec de la production de reines de qualité. La taille de la larve, bien entendu, que l’on prendra soin de prélever par le dos, mais également la configuration de la ruche éleveuse par exemple. Séparées en deux par une grille à reine, les deux ruchettes en polystyrène contiendront la reproductrice dans la partie basse. Au-dessus, cadres porte-greffes, cadres de nourriture (miel et surtout pollen) et cadres de couvain sont remontés afin que les éleveuses aient envie de s’occuper des futures reines qui leur sont confiées (rotation des cadres). Après six à huit jours, les cellules royales sont transférées délicatement en couveuse afin qu’elles terminent leur cycle sans risque d’être détruites par la colonie. Préalablement, température et hygrométrie sont soigneusement vérifiées. 34,5°C est la température idéale. Pour que le taux d’humidité soit correct, trois bacs d’eau sont introduits dans le fond de la couveuse. 24 heures avant l’émergence (onze fois 24h), Claudia propose de poser les bigoudis autour des cellules royales et d’apposer au doigt une goutte de miel cristallisé sur la cage pour nourrir les reines, juste après leur naissance.
Méthode et organisation pour le peuplement de 120 nucs sont de découvrir dans Info-Reines 139.
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