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L’éleveuse orpheline à double chambre

Avec les partitions isolées haute performance (PIHP) de Marc Guillemain

L’éleveuse orpheline à double chambre est, expérience à l’appui, celle qui me convient le mieux. L’isolation, essentielle, permet des résultats constants notamment lorsqu’il y a de fortes variations de températures. La bonne réussite de cette technique repose sur la qualité des abeilles utilisées pour constituer la colonie éleveuse.

J’ai essayé un grand nombre de types d’éleveuses avant de trouver celle qui me convient. J’ai testé chaque système sur une saison complète pour bien observer l’évolution au fi l de la saison et surtout la compatibilité avec mes contraintes personnelles, puisque je me refuse à travailler le week- end. Ainsi, j’ai testé des éleveuses avec constitution de starter puis fi nisseur bi-ruches, des éleveuses en divisibles, puis en haussettes, le système Cloake, des éleveuses orphelines avec rotation de reines. Finalement, j’ai adopté le type d’éleveuse qui me satisfait et que j’appelle : éleveuse orpheline à double chambre.

Quelle colonie choisir ?

Quel que soit le système d’élevage choisi, il y a de nombreux détails qu’il faut absolument respecter pour obtenir de bons résultats.

Un point que j’estime très important est la vitalité des abeilles qui peuplent l’éleveuse. C’est pour cette raison que la colonie choisie pour constituer la ruche éleveuse aura commencé à élever des mâles. Les jeunes larves y baigneront dans un lit de gelée nourricière. En effet, l’amorçage de l’élevage des mâles est un bon indicateur de la capacité des nourrices à produire de la gelée royale.

Cette colonie qui deviendra éleveuse sera préparée en amont pour créer des abeilles ayant une vitalité optimale. Ce point est aussi très important pour la bonne réussite de l’élevage.

Chambre 1

Voilà une colonie qui a hiverné sur 2 cadres. La chambre 1, où se trouve le nid à couvain est à gauche. La chambre 2, qui est la chambre de décongestion où se trouvent les provisions, est à droite. Le rapport couvain/grappe d’abeille démontre la présence d’abeilles diutinus. La photo de droite montre le premier cadre de la chambre 2. On peut voir que cette colonie a démarré l’élevage de mâles, signe d’un état nutritionnel optimal. L’isolation du plancher facilite le passage par le bas dans la chambre 2, permettant même aux abeilles d’élever du couvain en commençant par le bas du cadre ! Cette colonie est dans le bon état d’équilibre pour élever des reines.

Chambre 2

La répartition des différents stades du couvain dans une colonie qui a un développement linéaire est la suivante : 1 cellule sur 7 est remplie d’oeufs, 2 sur 7 sont occupées par des larves et 4 sur 7 par du couvain operculé.

La colonie éleveuse sélectionnée sera une colonie avec un surplus de couvain operculé par rapport à la quantité de couvain ouvert. C’est dans ces colonies que l’on trouve des abeilles diutinus (cf encadré page 8), c’est-à-dire des abeilles à longue vie qui ont la physiologie des abeilles d’hiver avec une présence de corps gras important.

Pour fabriquer ces abeilles diutinus à haut potentiel, la colonie sera congestionnée et mise sous pression entre deux PIHP afin de créer un effet cocotte-minute. Le déséquilibre recherché pour créer les abeilles diutinus sera atteint 10 jours après que toutes les cellules de la chambre 1 seront complètes. En effet, les abeilles qui émergent dans une colonie où « la cavité est pleine » (les futures abeilles diutinus) sont physiologiquement différentes des abeilles qui émergent dans une colonie en phase de développement. Notons que l’état d’équilibre de la colonie est bien plus important que sa taille : les résultats seront meilleurs dans une petite colonie avec des abeilles diutinus plutôt que dans une grande colonie qui n’a pas constitué ces abeilles à haut potentiel. La colonie sera prête à être utilisée comme éleveuse une fois que la reine sera passée sous la PIHP pour aller pondre en chambre 2.

Cette colonie vient d’être mise en orphelinage. La reine a été isolée dans une ruche (photo de droite). Le couvain est regroupé sur 3 cadres
dans la chambre 1, le cadre de provisions est en chambre 2.

Durant cette préparation, la colonie est traitée contre le varroa et nourrie en surabondance par des apports de substituts de pollen du commerce et de sirop.

Mise en place de la colonie éleveuse

• J-1 : orphelinage

La veille du jour du premier greffage, la colonie est orphelinée. Pour cela, un essaim est constitué sur un cadre de couvain avec la reine et placé entre 2 PIHP.

Le couvain est positionné dans la chambre 1, les provisions sont dans la chambre 2. La colonie éleveuse est nourrie en surabondance avec un litre de sirop et deux substituts de pollen que l’on trouve dans le commerce (un sous forme de candi et l’autre sous forme de poudre).

• J : greffage

Le lendemain, une ou deux barrettes de 14 larves greffées sur le rucher sont introduites au milieu de la chambre 1. La quantité de barrettes introduites est adaptée à la capacité d’élevage de la colonie. Cette capacité d’élevage est évaluée par la quantité d’abeilles, le nombre de cellules élevées et la quantité de gelée royale présente au fond des cellules au moment du prélèvement des cellules royales.

• J+7 : rotation de cadres et greffage

7 jours plus tard, les cellules royales naturelles sont détruites. Un cadre de couvain provenant d’une colonie pourvoyeuse est ajouté en chambre 1.

Un cadre de la chambre 1 qui n’a plus de couvain est déplacé en chambre 2 et un cadre plein de provisions de la chambre 2 est retiré de la colonie éleveuse. Ce dernier pourra être introduit dans un essaim ou donné à la colonie pourvoyeuse. Les cellules royales sont prélevées pour être mises en couveuse.

Elles sont remplacées par le greffage du jour. La colonie sera à nouveau nourrie avec un litre de sirop et les deux substituts de pollen du commerce.

Pour des raisons d’organisation personnelle, je n’interviens que le mercredi sur mes colonies éleveuses.

(Article complet à lire dans dans l’Info-Reines n°136)

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