Extrait du livre de Bernard Sauvager
La transmission des caractères chez l’abeille
Le schéma ci-dessous explique la représentation des gènes qui sera utilisée dans les chapitres suivants (du livre Hérédité chez l’abeille et les colonies d’abeilles).
- La tête de l’abeille représente les allèles mitochondriaux, tous d’origine maternelle.
- Le thorax représente les allèles sexuels.
- Au niveau de l’abdomen sont figurés les autres allèles.

La reproduction chez l’abeille
On appelle gamète une cellule sexuelle, mâle (spermatozoïde) ou femelle (ovocyte – appelé ovule après maturation), utilisée dans la reproduction sexuée. Un gamète contient deux fois moins de chromosomes que les cellules diploïdes : un seul chromosome de chaque paire de chromosomes homologues.
Chez l’abeille femelle – reine ou ouvrière – il y a 16 paires de chromosomes (32 chromosomes appariés), mais chez le mâle (faux-bourdon), les chromosomes ne sont pas appariés : il n’y a que 16 chromosomes.
La femelle est diploïde et le mâle haploïde.
Suite au(x) vol(s) de fécondation, les spermatozoïdes sont stockés une fois pour toutes dans la spermathèque de la reine. La reine a donc la possibilité de pondre des oeufs de 2 sortes :
- un ovule non fécondé : l’ovule a 16 chromosomes et se développera en mâle haploïde,
- un ovule fécondé avec un ou plusieurs spermatozoïdes (polyspermie). En principe un seul spermatozoïde fusionne avec l’ovule. Les spermatozoïdes superfl us dégénèrent rapidement après la fertilisation (Page et Laidlaw 2008). L’oeuf a alors 32 chromosomes et se développera généralement en femelle diploïde.

1-1 La parthénogenèse
La production d’individus à partir d’un ovule non fécondé s’appelle parthénogenèse.
On dit qu’elle est de type arrhénotoque parce qu’elle n’engendre que des mâles : un ovule d’abeille non fécondé ne peut donner qu’un mâle. Elle est dite de type thélytoque lorsqu’elle n’engendre que des femelles (par exemple chez les pucerons, chez certains reptiles ou chez l’abeille du Cap : Apis mellifera capensis).
1-2 Mâles diploïdes, allèles sexuels et conséquences de la consanguinité
Le sexe est contrôlé par un seul locus (sl CSD1) sur un seul gène. On a longtemps pensé qu’il existait une douzaine d’allèles différents pour ce locus ; puis ce fut 19, puis 25. Cependant, les progrès de la biologie moléculaire ont montré 73 allèles sexuels connus2 (au moins). Ces allèles dépendent, bien-sûr, de la race, de l’écotype, de la lignée. Sur les sites de fécondation, par exemple, ou dans des populations plus réduites, il y en a beaucoup moins (voir chapitre 05, page 94 : « Importance de la polyandrie »).
Lors de la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde, l’oeuf résultant a donc 2 possibilités :
- S’il y a 2 allèles sexuels différents au locus sexuel, l’oeuf se développera en individu femelle (reine ou ouvrière selon son alimentation). Il y a hétérozygotie au locus sexuel.
- Si les 2 allèles sexuels sont identiques (homozygotie au locus sexuel), l’oeuf se développera en larve de mâle. Cette larve de mâle diploïde, donc « anormale », est détectée par les abeilles dès le début du stade larvaire et éliminée. Cela se repère par des « trous » dans le couvain. On parle de couvain
« lacunaire » ou en « mosaïque ». C’est ce que l’on appelle la dépression de consanguinité » (voir chapitre 05 : importance de la polyandrie).

1) sl CSD = single locus Complementary Sex Determination.
2) Selon Alain Vignal (INRA Toulouse) 73 allèles auraient été trouvés (conférence du 23 novembre 2016 à Marsannay-la-Côte
pour l’ANERCEA).
Hérédité chez l’abeille et les colonies d’abeilles aborde la génétique de l’abeille mellifère d’un point de vue scientifique et pratique, à l’aide d’exemples clairs et détaillés, facilement compréhensibles par ceux qui élèvent des abeilles. Version 3, est revue et augmentée d’une approche des modes de sélection et de fécondation. Nouveau chapitre sur l’importance des mâles en apiculture.
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