Apiculture : à chaque apiculteur son calendrier d’élevage

Info-Reines 136, quatrième trimestre 2021
Info-Reines 137, première trimestre 2022

Que ce soit pour élever des reines ponctuellement, augmenter son cheptel ou avoir des séries de reines pour la vente, les techniques et organisations de travail pour les travaux d’élevage sont multiples et les calendriers variés. Je propose ici trois types de calendriers détaillés qui répondent à différentes contraintes (techniques, jours de disponibilités, etc.) que peuvent rencontrer les apiculteurs. À partir de ces exemples, il vous sera facile de créer votre propre outil dans le respect du développement naturel d’une reine ; une nécessité pour que cette dernière exprime au mieux son patrimoine génétique.

Bien faire la différence entre une date et une durée

Le calendrier de développement de la reine, quelle que soit la sous-espèce, varie peu ; il dure environ 360 heures, soit 15 jours (en jours de 24h). La variation de la durée de développement de la reine est due à la gestion, par les abeilles, de la température autour de la cellule. Cette température est le fait des abeilles qui, par contact, donnent des calories à la cellule abritant la nymphe en pleine réorganisation cellulaire. Si la cellule de la reine est située au centre du nid à couvain (cellule de sauveté), les abeilles maintiennent facilement la température de la nymphe. Par contre, si la cellule est une cellule d’essaimage, la plupart du temps édifiée en bordure du nid à couvain, la durée de la nymphose est fortement affectée par les aléas météorologiques, et particulièrement si la colonie est petite ou la ruche mal isolée. La nymphose est d’autant plus ralentie pour ces cellules en bord de nid que les nuits sont fraîches au printemps. Nous pouvons constater alors une augmentation de quelques heures du cycle de développement de la future reine.
Ces variations de durée de développement de la reine et les erreurs de comptage des jours dans les calendriers (en confondant durée de développement et nombre de jours pour les travaux d’élevage) font que beaucoup d’apiculteurs ratent l’élevage.

Deux erreurs sont courantes dans l’évaluation du stade du cycle de développement :

• Première erreur, bon nombre d’éditeurs de calendriers apicoles comptent seize jours de développement d’une reine. En réalité, ils donnent le nombre de jours qui séparent deux événements : le premier caractérise le jour de la ponte de l’œuf par la reine, le jour 1, et le second est l’émergence de la jeune reine le jour 16 (soit 15 jours pleins entre les deux) (figure 1).
• L’autre erreur est l’évaluation de l’âge de la larve lors du greffage. Cette mauvaise estimation amplifie le mauvais calage du calendrier d’élevage. Il accentue le décalage entre les calendriers prévisionnels et la réalité.

Soyons précis

Dans des conditions optimales, la durée entre la naissance de la larve (éclosion de l’œuf) et l’émergence de la reine (la sortie de la cellule) est de douze jours, soit 288 heures environ (figure 2). J’utilise le terme d’«environ», car il est pratiquement impossible d’avoir une durée précise du développement d’une reine, à l’heure près, dans des conditions naturelles.

L’œuf d’abeille est un très bon repère visuel. Quel que soit son âge, sa taille ne varie pas. Nous pouvons être sûrs qu’une larve de diamètre inférieur, ou égal au diamètre de l’œuf, est une larve de moins de huit heures environ (suivant mes constats empiriques, car il y a beaucoup trop de variables pour avancer un chiffre précis). Pour vérifier que nous greffons des larves suffisamment petites, il suffit de contrôler la non-operculation des cellules au cinquième jour après le greffage, à la même heure que celui-ci. Si les cellules sont operculées, c’est que vous avez greffé de trop grosses larves. Toutes les larves de plus gros diamètre que l’œuf (donc plus vieilles) risquent de créer un décalage qui va fausser le calendrier. De plus, ce décalage est risqué, car l’émergence plus précoce des reines greffées trop grosses peut compromettre toute la série de reines (figure 3).

Construction d’un calendrier d’élevage : postulats de base

Pour la construction de calendriers, nous prenons comme postulats de base :

• Le principal but de notre élevage est de tout mettre en œuvre pour que la reine puisse avoir un maximum (dans la limite de sa génétique) d’ovarioles par ovaire. C’est ce qui conditionne en partie sa capacité de ponte et sa longévité, si elle s’est bien accouplée par ailleurs. •
• Le cadre d’élevage est dans le centre du nid de la colonie pour avoir une température bien régulée par les abeilles et nous utilisons une ruche bien isolée (merci Marc Guillemain pour la vulgarisation des partitions isolantes).
• Nous greffons des larves de même taille et de préférence de diamètre inférieur ou égal au diamètre d’un œuf.

Retrouver les calendriers d’élevage et les éléments techniques permettant de les comprendre dans les numéros d’Info-Reines suivants :
Info-Reines 136 : calendrier dans un contexte d’élevage à partir d’une éleveuse orpheline issue d’une division ou bien constituée de cadres de couvain d’abeilles émergentes et d’un paquet d’abeilles de jeunes nourrices.
Info-Reines 137 : calendrier dans un contexte d’élevage à partir d’une colonie avec une reine en ponte ou une colonie orpheline. La couvaison des cellules se fait dans une couveuse électrique ; enfin le calendrier à sept jours.

L’intégralité de l’article dans Info-Reines n°136 et 137
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