anercea-Revue Apicole-Une Info-Reines n° 92-Élevage de reines. Article Henri Renson

Conduite de la ruche, selon Henri Renson

Par Norbert Maudoigt, Info-Reines 92 (4e trimestre 2010)

Lors du voyage d’étude organisé en Belgique, par l’Anercea, fin août 2010, j’ai eu la chance de rencontrer une nouvelle fois Henri Renson. Pour moi, Henri est l’un des meilleurs et des plus passionnants apiculteurs que j’ai eu l’occasion de croiser. Pour lui, l’apiculture n’est pas une profession, mais un hobby. Pourtant, il a produit bien plus de reines que bien des gros apiculteurs. Et au niveau technique apicole, beaucoup peuvent l’envier. Il fait partie de ceux qui font progresser l’apiculture. Je vais modestement essayer de partager avec vous les deux jours d’intenses discussions que nous avons eues.

Choix et organisation de la ruche

Henri Renson utilise un modèle standard allemand constitué de deux ruches de 35 cm par 20 cm de haut. Pour lui, la Dadant n’est pas la meilleure ruche. Sa dimension ne correspond pas aux besoins des abeilles.

Une hausse, le corps, une hausse

Chaque ruche, dont Henri Renson assure le suivi, est composée d’un fond avec treillis métallique et d’une tôle qui coulisse par l’arrière. Un simple coup d’œil sur cette dernière permet de contrôler le développement du varroa et autre parasite.

Entre le plateau de fond et le corps de ruche est interposée une hausse. Elle compte des cadres de 15 cm de haut. À l’origine, les hausses avaient les mêmes dimensions que le corps, mais comme Henri explosait pas mal de cadres à l’extraction, il a modifié leur hauteur ce qui a résolu le problème. Cette hausse est essentiellement remplie de pollen (par les butineuses qui, chargées de pelotes, n’aiment pas traverser la grille à reine). Ce pollen participe activement au redémarrage de la colonie au printemps. Il est à noter que les abeilles ne construisent jamais sous les cadres, bien qu’il y ait un espace conséquent, parce que la reine n’y va jamais.

Sur cette hausse, Henri pose un corps en insérant entre les deux, à partir du début avril et jusqu’au 15 août, une tôle en aluminium qui ferme sept cadres et laisse libre accès aux abeilles à trois autres cadres. Entre les trois cadres accessibles et les sept autres inaccessibles, une grille à reine verticale est installée. Elle confine la reine sur les sept cadres (illustration 1). Si une ou plusieurs hausses sont posées au-dessus du corps, une grille à reine est bien sûr intercalée entre le dessus du corps et le bas de la première hausse.

Si c’était à refaire, Henri Renson utiliserait des ruches douze cadres, avec quatre cadres libres et une bâtisse chaude.

anercea-Revue Apicole-Info-Reines n° 92-Élevage de reines. Article Henri Renson. Ruche en production.
Illustration 1 : Ruche en production

Sept cadres pour 42 000 cellules

L’idée de confiner la reine sur sept cadres lui est venue quand, en 1976, il a battu tous les records de récolte de miel et que la quantité de couvain présent dans les colonies, pendant toute la période de récolte, équivalait à la surface de six cadres complets.

La surface d’un cadre étant de 7 dm², les sept cadres du nid à couvain représentent 49 dm², soit environ 42 000 cellules. La Reine pondant environ 2000 œufs par jour, en 21 jours elle a comblé 42 000 cellules. La surface utilisable sur les sept cadres représente la capacité maximale de ponte d’une reine.

Pour que la Reine puisse toujours pondre, il ne faut pas que le nid à couvain soit encombré par du pollen ou du miel. C’est là qu’entre en jeu la tôle alu qui ferme sept cadres. Avec la tôle, les abeilles déposent les pelotes de pollen dans la hausse située sous le corps et dans deux cadres de corps situés près de la grille à reine verticale ; le miel étant déposé dans le troisième situé contre la paroi de la ruche. Lorsqu’une hausse est posée sur le corps, les butineuses commencent par stocker le nectar au-dessus des cadres de couvain puisque c’est ici que se trouve la reine.

Ce système s’est révélé particulièrement efficace en termes de récolte et pour une raison qui n’apparaît pas évidente au départ, et même peut-être surréaliste encore pour certains, mais c’est la réalité.

Vers un allongement de la vie des abeilles

Lorsqu’Henri a une idée, il imagine et réalise une expérience dont les résultats permettent de confirmer ou infirmer son intuition.

Expérimenter avant de conclure

C’est ainsi qu’Henri a décidé de marquer, avec de la peinture jaune, cent abeilles naissantes dans une ruche conduite de manière conventionnelle, c’est-à-dire non bloquée, et en rouge, cent abeilles naissantes dans une ruche bloquée. Au bout de 61 jours, plus aucune abeille marquée de jaune ne sortait ou n’entrait, en revanche, 50 % des abeilles rouges entraient et sortaient encore à 82 jours. La longévité supérieure des abeilles nées dans la ruche bloquée est évidente, et une telle différence de survie des butineuses fait la différence à la récolte. 20 jours avec 50 % de 2 000 abeilles offrent 20 000 butineuses de plus à la colonie.  Essayez de rajouter 20 000 abeilles dans une ruche pendant la miellée et vous verrez si cela n’a pas d’impact sur les quantités de miel récoltées.

Avec seulement sept cadres de 35/20 pour la ponte, Henri se retrouve souvent avec trop d’abeilles dans ses colonies. Par nécessité, il fait régulièrement des essais.

Moins sollicités elles vivent davantage

Son explication à la longévité des abeilles est simple. Dans son système, chaque abeille nourrit une larve quand dans d’autres systèmes, une abeille nourrit trois ou quatre larves. Moins sollicitées, les abeilles d’Henri fabriquent moins de gelée et de cire ce qui leur permet de profiter pleinement du pollen qu’elles ingurgitent. Elles constituent des réserves, un peu comme les abeilles d’hiver, ce qui leur permet de vivre plus longtemps. Bien sûr, comme le dit Henri, ce système n’est pas faisable avec 400 ou 500 ruches qui transhument plusieurs fois dans l’année. Mais le principe de et les résultats méritent attention.

Mais encore

Découvrez dans la suite de cet article comment Henri gère :

  • les mâles bloqués par la grille à reine,
  • la ventilation et la déshumidification dans les ruches,
  • le contrôle de l’essaimage,
  • ses colonies au printemps,
  • la mise en hivernage.

Dans ce numéro 92 d’Info-Reines, Norbert Maudoigt présente également les techniques d’élevage d’Henri Renson.
Autre article sur Henri Renson dans le numéro 97 d’Info-Reines (Tome 7)


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